Combien coûterait une censure du gouvernement Bayrou à la France ?

La menace de censure plane sur le gouvernement de François Bayrou depuis la présentation de son plan budgétaire de 43,8 milliards d’euros d’économies pour 2026. Cette instabilité politique potentielle soulève une question cruciale : quel serait le coût économique d’une nouvelle chute gouvernementale pour la France ? L’analyse des précédents récents et des mécanismes économiques permet d’estimer l’ampleur de ces conséquences financières.

Le précédent Barnier : 12 milliards d’euros de coût estimé

Pour comprendre l’impact potentiel d’une censure du gouvernement Bayrou, il convient d’analyser le coût de la précédente crise politique. Selon les calculs du gouvernement, la censure de Michel Barnier a représenté une perte économique de 12 milliards d’euros pour la France TF1 Info.

Cette estimation repose sur deux composantes principales. D’une part, la dégradation de la confiance économique a pesé sur la croissance, représentant une perte évaluée à 0,2 point de PIB, soit environ 6 milliards d’euros. D’autre part, le retard dans la mise en œuvre des mesures d’économies prévues a engendré un manque à gagner équivalent, soit à nouveau 6 milliards d’euros Le Figaro.

La méthode de calcul gouvernementale : 100 millions d’euros par jour

L’estimation de 100 millions d’euros de coût quotidien de l’instabilité politique est devenue un élément de langage récurrent des ministres du gouvernement Bayrou. Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, et Amélie de Montchalin, ministre chargée des Comptes publics, ont régulièrement mis en avant ce chiffre.

Cette estimation table sur une période d’instabilité d’environ deux mois, soit 60 jours à 100 millions d’euros par jour, pour atteindre 6 milliards d’euros. Ajouté à l’impact sur la croissance économique (6 milliards supplémentaires), le coût total de la censure atteindrait ainsi 12 milliards d’euros TF1 Info.

Les spécificités du contexte Bayrou

Une censure du gouvernement Bayrou présenterait des caractéristiques particulières par rapport au précédent Barnier. Le Premier ministre a annoncé un plan d’économies de 43,8 milliards d’euros pour ramener le déficit public de 5,4 % du PIB en 2025 à 4,6 % en 2026 Économie.gouv.fr.

Les mesures controversées incluent notamment une « année blanche » avec un gel des barèmes d’impôts, des prestations sociales et des retraites, représentant 7,1 milliards d’euros d’économies. La suppression de deux jours fériés et diverses réformes structurelles complètent ce programme d’austérité Le Monde.

L’opposition unanime et les risques de censure

L’opposition politique s’est rapidement mobilisée contre le plan Bayrou. Le Rassemblement national menace de censurer le gouvernement « si François Bayrou ne revoit pas sa copie » Les Échos. De son côté, Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, estime que « la seule perspective possible est la censure » Ouest-France.

La France insoumise a également appelé à remettre sur la table la chute du gouvernement, tandis que même des alliés potentiels comme Gérard Larcher, président LR du Sénat, critiquent l’effort demandé aux collectivités locales TF1 Info.

L’impact économique spécifique d’une chute Bayrou

Une censure du gouvernement Bayrou pourrait avoir des conséquences économiques particulièrement lourdes dans le contexte actuel. La dette publique française continue de croître, atteignant 3 345,8 milliards d’euros à la fin du premier trimestre 2025, soit une augmentation de 40,5 milliards d’euros par rapport à la fin 2024 Allnews.

Le déficit public, attendu à 5,8 % du PIB en 2024 et 5,4 % en 2025, nécessite impérativement une correction pour éviter une procédure européenne pour déficit excessif. Sans les mesures proposées par Bayrou, ce déficit pourrait se maintenir à un niveau insoutenable Le Club des Juristes.

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Les conséquences sur la confiance des marchés

L’instabilité politique française inquiète déjà les marchés financiers et les institutions européennes. Une nouvelle censure renforcerait cette perception d’incapacité française à redresser ses finances publiques. L’impact sur les taux d'emprunt de l’État pourrait être significatif, alourdissant mécaniquement le coût de la dette publique.

Les agences de notation surveillent attentivement la situation française. Une dégradation de la note souveraine française, consécutive à une nouvelle crise politique, augmenterait durablement le coût de financement de l’État, avec des conséquences budgétaires pluriannuelles.

L’opinion publique face aux coûts de l’instabilité

Les sondages révèlent un rejet massif du plan Bayrou par l’opinion publique. Selon les enquêtes récentes, 87 % des Français pensent que le budget de François Bayrou nuira à leur pouvoir d’achat, et 78 % ne font pas confiance au Premier ministre L’Opinion.

Cette défiance généralisée alimente le soutien à une dissolution : 44 % des Français se disent favorables à cette option, et 59 % souhaitent un changement de gouvernement Journal de l’Économie.

Les scénarios de coût d’une censure Bayrou

En appliquant la méthode de calcul gouvernementale, une censure du gouvernement Bayrou pourrait coûter entre 12 et 15 milliards d’euros à la France. Ce montant supérieur au précédent Barnier s’expliquerait par plusieurs facteurs aggravants.

D’abord, l’accumulation des crises politiques dégrade structurellement la confiance économique. Ensuite, le retard pris dans l’adoption des mesures d’assainissement budgétaire aggrave la situation des finances publiques. Enfin, l’impact sur les marchés financiers pourrait être plus sévère après une deuxième censure en moins d’un an.

Le coût quotidien de l’instabilité pourrait ainsi atteindre 120 à 150 millions d’euros par jour, compte tenu de la dégradation cumulative de la situation économique française.

Les alternatives à la censure et leurs coûts

Face à ces perspectives coûteuses, des voix s’élèvent pour rechercher des compromis. François Hollande a posé quatre conditions pour éviter la censure : révision de la réforme de l’assurance chômage, annulation de la déremboursement de médicaments, abandon de la suppression des jours fériés, et réexamen des coupes dans les collectivités territoriales 20 Minutes.

Ces concessions représenteraient un coût budgétaire estimé à 3 milliards d’euros selon Les Échos, mais permettraient d’éviter les 12 à 15 milliards d’euros de coût d’une censure Les Échos.

Les enjeux européens et internationaux

Une nouvelle crise gouvernementale française aurait des répercussions européennes. La France, deuxième économie de la zone euro, joue un rôle clé dans la stabilité économique européenne. Une instabilité politique prolongée pourrait affecter la crédibilité de l’ensemble de la construction européenne et compliquer la coordination des politiques économiques.

Les partenaires européens observent avec inquiétude l’incapacité française à stabiliser sa situation budgétaire. Une censure du gouvernement Bayrou pourrait déclencher des mécanismes de surveillance renforcée de Bruxelles, limitant davantage la souveraineté budgétaire française.

La question du coût d’une censure du gouvernement Bayrou révèle l’ampleur des enjeux économiques de l’instabilité politique française. Avec un coût potentiel de 12 à 15 milliards d’euros, soit plus de 200 euros par citoyen, une nouvelle chute gouvernementale représenterait un gaspillage économique considérable dans un contexte de finances publiques déjà dégradées.

L’accumulation des crises politiques depuis 2022 a un coût cumulatif qui dépasse largement les enjeux budgétaires immédiats. Entre la nécessité de redresser les comptes publics et les risques de l’instabilité politique, la France se trouve dans une équation économique particulièrement délicate où chaque jour d’incertitude coûte plus de 100 millions d’euros au pays.