Le 1er septembre 2025 marque un tournant majeur dans l’accompagnement des familles françaises. Le complément de libre choix du mode de garde (CMG), cette aide financière essentielle versée par la CAF, subit sa plus importante réforme depuis sa création. Cette transformation, initiée par la loi de financement de la Sécurité sociale 2023, bouleverse le financement de la garde d’enfants. Les décrets d’application, publiés le 12 juin 2025, précisent les modalités.
Un calcul révolutionné pour plus d’équité
Fini les forfaits mensuels rigides
L’ancien système de calcul du CMG, basé sur des forfaits mensuels fixes, disparaît définitivement. Cette approche « taille unique » avantageait certaines familles au détriment d’autres, créant des inégalités selon les besoins réels de garde. Le nouveau mode de calcul prendra désormais en compte quatre critères essentiels : les ressources mensuelles de la famille (revenu net catégoriel), le nombre d’enfants à charge, le coût horaire de la garde choisie et le nombre d’heures de garde effectuées par mois.
Cette révolution mathématique s’inspire directement du modèle appliqué en crèches, où chaque famille paie selon ses moyens et ses besoins réels. Le principe est simple : chaque heure de garde est prise en compte dans le calcul et partiellement financée, sans plafond maximum pour le montant du CMG.
L’âge ne fait plus la différence
Une autre transformation majeure concerne la suppression de la distinction entre les enfants de moins de 3 ans et ceux âgés de 3 à 6 ans. Auparavant, le montant du CMG était divisé par deux dès le troisième anniversaire de l’enfant, pénalisant les familles ayant toujours les mêmes besoins de garde. Cette harmonisation permettra un accompagnement plus cohérent des familles, quel que soit l’âge de leur enfant.
Les familles monoparentales, grandes gagnantes de la réforme
Extension jusqu’à 12 ans
L’une des mesures phares concerne les parents isolés qui pourront désormais bénéficier du CMG jusqu’aux 12 ans de leur enfant, contre 6 ans auparavant. Cette extension répond à une réalité quotidienne : les besoins de garde ne s’arrêtent pas à la scolarisation. Les temps périscolaires, les mercredis et les vacances scolaires représentent autant de défis organisationnels pour un parent seul.
Cette mesure concernera tous les accueils effectués à partir du 1er septembre 2025, même pour les familles n’ayant jamais bénéficié du CMG auparavant. Exemple concret : une mère célibataire aux revenus de 3 000 euros nets économisera 280 euros mensuels sur ses frais de garde pour son enfant de 7 ans.
La résidence alternée enfin reconnue
Deux parents, deux droits
À partir de décembre 2025, les parents séparés pratiquant la résidence alternée pourront chacun bénéficier du CMG pour leurs propres besoins de garde. Cette évolution met fin à une situation aberrante où seul un parent pouvait percevoir l’aide, même si les deux employaient des professionnels de la petite enfance.
Cette évolution nécessite toutefois certaines conditions : la résidence alternée doit être effective (le simple droit de visite ne suffit pas), et si les parents perçoivent des allocations familiales, ils doivent préalablement organiser leur partage. Chaque parent devra établir son propre contrat de travail avec l’assistante maternelle ou la garde à domicile pour les périodes où l’enfant se trouve chez lui.
Des plafonds horaires pour encadrer les coûts
Nouveaux tarifs de référence
La réforme introduit également des plafonds horaires pour le calcul du CMG : 8 euros par heure pour une assistante maternelle et 15 euros par heure pour une garde à domicile. Ces montants correspondent aux tarifs de référence nationaux et permettront d’éviter les dérives tarifaires tout en garantissant une prise en charge équitable.
Si les tarifs pratiqués dépassent ces plafonds, la différence reste entièrement à la charge des familles, tant pour le salaire que pour les cotisations sociales. Cette mesure vise à responsabiliser les choix des familles tout en maintenant un accompagnement public raisonnable.
Un dispositif transitoire pour accompagner le changement
Protection des situations acquises
Conscient que certaines familles pourraient voir leur aide diminuer, le gouvernement a prévu un complément transitoire pour limiter l’impact de cette baisse. Ce dispositif, versé automatiquement par Pajemploi, concerne les familles déjà bénéficiaires du CMG entre mars et mai 2025, sous deux conditions strictes.
D’abord, leurs revenus annuels 2023 ne doivent pas dépasser certains seuils : 53 119 euros pour un couple avec un enfant, 60 659 euros avec deux enfants, contre 74 367 euros et 84 923 euros respectivement pour les familles monoparentales. Ensuite, elles doivent avoir eu recours à un nombre d’heures de garde suffisant pendant la période de référence : au minimum 100 heures par mois pour un enfant de moins de 3 ans chez une assistante maternelle, ou 50 heures pour une garde à domicile.
L’impact concret sur le budget des familles
Des impacts différenciés selon les situations
Cette réforme aura des impacts différenciés selon les situations familiales. Les familles avec des besoins de garde importants ou des revenus modestes verront généralement leur aide augmenter. L’URSSAF illustre cette situation avec l’exemple de Mathéo et Alice, un couple aux revenus de 2 000 euros nets mensuels nécessitant 160 heures de garde : leur CMG passera de 339 euros à 578 euros, soit un gain de 239 euros par mois.
À l’inverse, les familles aux revenus plus élevés avec des besoins limités pourraient voir leur aide diminuer. Louise et Sofiane, avec 6 000 euros de revenus mensuels et 90 heures de garde, perdront 46 euros par mois. Toutefois, la moitié de cette augmentation de reste à charge pourra être compensée par le crédit d’impôt pour frais de garde.
Les cotisations sociales préservées
Continuité dans la prise en charge
Rassurant pour les employeurs particuliers, la prise en charge des cotisations sociales demeure inchangée : 100 % pour l'emploi d’une assistante maternelle agréée et 50 % pour une garde à domicile, dans la limite des plafonds horaires. Cette stabilité préserve l’attractivité de l'emploi direct, pilier du secteur de la petite enfance en France.
Une mise en œuvre automatisée
Simplicité administrative
L’un des atouts majeurs de cette réforme réside dans son automatisation complète. Les familles déjà bénéficiaires n’auront aucune démarche à effectuer : Pajemploi appliquera automatiquement les nouvelles règles dès septembre 2025. Seules les nouvelles demandes nécessiteront une approche proactive, notamment pour les enfants de 6 à 12 ans en famille monoparentale et la résidence alternée.
Un budget conséquent pour l’accompagnement
600 millions d’euros supplémentaires
Pour accompagner cette transformation, le gouvernement mobilise un budget additionnel de 600 millions d’euros, s’ajoutant aux 7 milliards annuels déjà consacrés aux aides à la garde d’enfants. Cette enveloppe témoigne de l’ambition politique de cette réforme, inscrite dans le cadre plus large du service public de la petite enfance (SPPE).
Vers plus d’équité entre les modes de garde
Rapprocher les coûts
L’objectif ultime de cette réforme consiste à rapprocher le reste à charge des familles entre les différents modes d’accueil. Jusqu’à présent, une place en crèche coûtait souvent moins cher qu’une assistante maternelle pour les familles aux revenus modestes, créant une distorsion de concurrence préjudiciable au libre choix des parents.
Avec le nouveau calcul, une famille de deux enfants avec 4 000 euros de revenus mensuels paiera désormais le même reste à charge (227 euros) qu’elle choisisse une crèche ou une assistante maternelle rémunérée au tarif de référence. Cette équité favorisera une répartition plus harmonieuse des enfants entre les différents modes d’accueil.
Préparer la transition
Outils d’accompagnement
Pour aider les familles à anticiper ces changements, l’URSSAF a développé des simulateurs en ligne permettant d’estimer le futur montant du CMG et l’éligibilité au complément transitoire. Ces outils, disponibles dès maintenant, constituent une ressource précieuse pour adapter son budget familial et ses choix de garde.
Les professionnels de la petite enfance sont également invités à se former à ces nouvelles modalités pour mieux conseiller les parents employeurs. Cette période de transition, bien que complexe, ouvre la voie à un système plus juste et adapté aux réalités contemporaines des familles françaises.
La réforme du CMG de septembre 2025 représente bien plus qu’un simple ajustement technique : elle incarne une vision renouvelée de l’accompagnement public des familles, privilégiant l’équité, la personnalisation et l’adaptation aux besoins réels. Si les premiers mois nécessiteront sans doute quelques ajustements, cette transformation devrait à terme faciliter la vie de millions de parents français tout en renforçant l’attractivité des métiers de la petite enfance.

Yann, 35 ans, passionné par les enjeux de société et de politique, porte un regard libre et attentif sur le monde qui l’entoure. Installé à Strasbourg, ville qu’il affectionne tout particulièrement, il décrypte l’actualité avec curiosité, rigueur et une volonté constante de comprendre et faire comprendre les dynamiques à l’œuvre dans notre époque