Dans un contexte géopolitique particulièrement tendu, le souverain jordanien a prononcé un discours marquant devant les représentants de l’Union européenne. Une intervention attendue qui a su trouver l’équilibre entre fermeté et appel à la coopération internationale.
Un accueil chaleureux pour un partenaire historique
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Le mardi 17 juin 2025 restera comme une date importante dans les relations euro-jordaniennes. À midi pile, sous les ors de l’hémicycle strasbourgeois, le roi Abdallah II faisait son entrée pour sa sixième allocution devant le Parlement européen. Un record pour un dirigeant non européen.
Roberta Metsola, la présidente de l’institution, n’a pas caché son enthousiasme en accueillant le monarque. « La Jordanie n’est pas simplement un pays ami », a-t-elle lancé devant les députés, « c’est le partenaire indispensable dont l’Europe a besoin face aux défis moyen-orientaux. » Des mots qui résonnaient comme une reconnaissance des efforts constants d’Amman pour apaiser les tensions régionales.
Un discours sans concession sur l’état du monde
Dès les premières minutes, le ton était donné. Abdallah II n’est pas venu à Strasbourg pour échanger des politesses diplomatiques. « Notre monde semble avoir perdu son nord moral », a-t-il asséné, les yeux rivés sur l’assistance. La comparaison avec son précédent discours en 2020 était inévitable : cinq ans plus tard, force est de constater que les crises se sont multipliées plutôt que résolues.
Entre les lignes, un constat amer : la communauté internationale semble avoir développé une dangereuse accoutumance aux catastrophes. Pandémie, guerres en Ukraine et à Gaza, tensions avec l’Iran… La liste est longue, trop longue. Et pourtant, comme le roi l’a fait remarquer avec une pointe d’amertume dans la voix, « nous continuons à fonctionner comme si de rien n’était ».
Gaza, le cœur brûlant du discours
L’évocation de la situation palestinienne a visiblement ému l’assemblée. Le monarque a choisi des mots forts, presque brutaux, pour décrire « cette honte humanitaire qui se déroule en direct sous nos yeux ». Une question lancinante a traversé son intervention : comment en sommes-nous arrivés à considérer l’inacceptable comme normal ?
Les chiffres sont connus. Les condamnations aussi. Mais le roi de Jordanie a apporté quelque chose de plus : une mise en perspective historique cinglante. « Ce qui aurait provoqué l’indignation générale il y a deux décennies passe aujourd’hui presque inaperçu », a-t-il déploré, avant d’ajouter : « Les Palestiniens attendent toujours leur droit le plus élémentaire : exister en tant qu’État souverain. »
L’escalade régionale, une menace pour tous
L’avertissement le plus grave concernait l’extension du conflit. Les récentes frappes israéliennes en Iran ont visiblement profondément inquiété le dirigeant jordanien. « Personne ne peut prédire où s’arrêtera cette spirale violente », a-t-il insisté, martelant que la stabilité mondiale tout entière se trouvait compromise.
Un moment particulièrement poignant lorsque le roi a évoqué les conséquences humaines de ces conflits. Pas de statistiques cette fois, mais une simple question : « Combien de générations faudra-t-il sacrifier avant que nous trouvions le courage d’agir ? »
L’Europe appelée à jouer un rôle central
Dans la dernière partie de son discours, Abdallah II a changé de registre. Finies les critiques, place aux solutions. Et pour lui, l’Union européenne dispose d’une carte majeure à jouer. « 2025 doit être l’année des choix courageux », a-t-il affirmé, suscitant des hochements de tête approbateurs dans les rangs des députés.
Deux axes prioritaires ont été identifiés :
D’abord, le développement économique. Car un Moyen-Orient prospère serait le meilleur rempart contre l’instabilité. Ensuite, une coordination sécuritaire renforcée à l’échelle mondiale. Le message était clair : impossible de régler la crise ukrainienne sans s’attaquer parallèlement au conflit israélo-palestinien.
Une standing ovation et des perspectives nouvelles
Les applaudissements nourris qui ont salué la conclusion du discours en disent long sur l’impact produit. Selon Abdullah Kanaan, présent dans la salle, cette intervention « replace l’Europe au centre du jeu diplomatique mondial ». Un avis partagé par de nombreux observateurs.
D’autant que le timing est parfait. Alors que plusieurs capitales européennes envisagent sérieusement de reconnaître l’État palestinien, le plaidoyer du roi Abdallah II pourrait bien avoir donné le coup de pouce décisif. Une chose est sûre : en quittant Strasbourg, le souverain hachémite a renforcé un peu plus le statut de son pays comme pont indispensable entre Orient et Occident.

Yann, 35 ans, passionné par les enjeux de société et de politique, porte un regard libre et attentif sur le monde qui l’entoure. Installé à Strasbourg, ville qu’il affectionne tout particulièrement, il décrypte l’actualité avec curiosité, rigueur et une volonté constante de comprendre et faire comprendre les dynamiques à l’œuvre dans notre époque