Les villes françaises subissent de plus en plus les effets de la canicule. Selon Météo France, plus de 5 millions d’habitants sont potentiellement exposés aux îlots de chaleur urbains, un phénomène qui transforme nos agglomérations en véritables fournaises. Face à cette réalité climatique, l’Eurométropole de Strasbourg innove avec le lancement de « Ma prime Végétalis », un dispositif d’aide financière inédit qui peut atteindre 20 000 euros par projet.
Un défi climatique majeur pour les territoires urbains
Le réchauffement climatique frappe particulièrement les zones urbaines, où les températures peuvent être supérieures de 2 à 8°C par rapport aux espaces ruraux environnants. Ce phénomène d’îlot de chaleur urbain (ICU) résulte de la concentration de béton, d’asphalte et d’activités humaines. Ces éléments emmagasinent la chaleur durant la journée et la restituent la nuit, empêchant le rafraîchissement nocturne naturel. (Source : https://meteofrance.com/le-changement-climatique/observer-le-changement-climatique/quest-ce-que-lilot-de-chaleur-urbain)
Dans l’Eurométropole strasbourgeoise, cette problématique revêt une dimension particulière. Les espaces privés représentent 70% du territoire mais ne comptent que 25% de la canopée urbaine. Cette disproportion révèle un potentiel considérable d’amélioration par la végétalisation des propriétés privées.
Ma prime Végétalis : un dispositif financier pour reverdir la ville
Adoptée en séance plénière le 27 juin 2025, cette aide expérimentale d’une durée de deux ans (2025-2027) s’adresse aux propriétaires privés, aux copropriétaires et aux bailleurs sociaux. Pilotée par l’Agence du Climat, elle propose un accompagnement personnalisé et des subventions substantielles pour différents types d’interventions. Découvrez la Prime végétalis ici.
Un éventail d’aides pour tous les projets
Le dispositif couvre l’ensemble du processus de végétalisation, depuis les études préparatoires jusqu’aux travaux de plantation. Les études d’avant-projet bénéficient d’un soutien pouvant aller jusqu’à 6 000 euros, avec un taux de financement de 80% pour les montants inférieurs à 2 400 euros.
La désimperméabilisation des sols, étape cruciale pour permettre l’infiltration des eaux pluviales, est financée à hauteur de 60% dans la limite de 10 000 euros. Cette démarche permet de casser le béton et l’asphalte pour redonner vie aux sols urbains.
Pour la plantation proprement dite, les propriétaires peuvent obtenir jusqu’à 80% de financement, avec des plafonds de 500 euros pour les arbres et 50 euros pour les arbustes. Un bonus appréciable de 10% supplémentaire et 500 euros additionnels récompense les projets intégrant plus de 50% de plants labellisés « végétal local » ou Matériels Forestiers de Reproduction.
La végétalisation verticale encouragée
L’innovation porte aussi sur l’accompagnement de la végétalisation des toitures et des façades. Les toitures végétalisées extensives bénéficient d’un financement à 50% dans la limite de 5 000 euros, tandis que les toitures intensives ou bio-solaires voient ce soutien porté à 60% avec un plafond de 6 000 euros.
Les façades végétalisées, solutions particulièrement adaptées aux espaces contraints, sont subventionnées à 80% avec un plafond de 500 euros par projet et 100 euros par plant. Cette approche verticale de la végétalisation permet d’optimiser chaque mètre carré disponible en milieu urbain dense.
Des bénéfices multiples pour le territoire
La végétalisation urbaine génère des effets positifs en cascade qui dépassent largement le simple aspect esthétique. L’évapotranspiration des végétaux peut faire chuter la température ressentie de 10°C sous l’ombre d’un arbre, sans consommation électrique.
L’amélioration de la qualité de l’air constitue un autre bénéfice majeur. Les végétaux captent les polluants atmosphériques et produisent de l’oxygène, contribuant à assainir l’environnement urbain. Ils absorbent également le CO2, participant ainsi à la lutte contre le changement climatique à l’échelle locale.
La gestion des eaux pluviales trouve également sa solution dans la végétalisation. Les surfaces végétalisées favorisent l’infiltration naturelle et réduisent les risques d’inondation lors des épisodes orageux de plus en plus fréquents. Cette approche fondée sur la nature représente une alternative durable aux infrastructures grises traditionnelles.
Un levier pour la biodiversité urbaine
Au-delà des aspects climatiques, Ma prime Végétalis constitue un outil précieux pour reconstituer les trames vertes urbaines. La diversification des essences végétales, notamment avec des espèces locales, permet de recréer des habitats pour la faune urbaine et de restaurer les corridors écologiques fragmentés par l’urbanisation.
L’installation d’équipements complémentaires comme les gîtes pour la faune ou les cuves de récupération d’eau de pluie, subventionnés à 60% dans la limite de 500 euros par projet, renforce cette dimension écologique. Ces aménagements créent un écosystème urbain plus résilient et favorisent le retour d’espèces animales en ville.
Des conditions d’éligibilité précises
Pour bénéficier de cette aide, les projets doivent répondre à certains critères stricts. Sont exclus les travaux déjà financés par d’autres dispositifs, ceux relevant d’obligations réglementaires ou concernant des constructions récentes. De même, certaines dépenses ne sont pas éligibles : l’irrigation, l’entretien courant, la plantation d’espèces exotiques envahissantes ou les plantations hors sol.
Cette approche sélective vise à concentrer les moyens publics sur des projets réellement vertueux et durables, en évitant les effets d’aubaine. L’accent mis sur les espèces locales et la gestion écologique des espaces témoigne d’une vision à long terme de l’aménagement urbain.
Un accompagnement professionnel
Au-delà du soutien financier, Ma prime Végétalis propose un accompagnement technique personnalisé. L’Agence du Climat met à disposition des propriétaires son expertise pour concevoir des projets cohérents, adaptés aux contraintes spécifiques de chaque site et aux usages souhaités.
Cette dimension conseil s’avère particulièrement précieuse pour les copropriétaires qui doivent convaincre leurs voisins de l’intérêt d’un projet de végétalisation. L’accompagnement peut également inclure des actions de sensibilisation et de formation, financées jusqu’à 800 euros par journée dans la limite de 1 000 euros par projet.
Une expérimentation à suivre
Cette initiative strasbourgeoise s’inscrit dans une démarche expérimentale de deux ans qui permettra d’évaluer l’efficacité du dispositif et d’ajuster les paramètres si nécessaire. D’autres métropoles françaises observent avec attention cette expérience qui pourrait inspirer de nouvelles politiques publiques de végétalisation.
L’enjeu dépasse largement les frontières alsaciennes. Avec le réchauffement climatique qui s’accélère, les villes devront multiplier les solutions d’adaptation, et la mobilisation des espaces privés représente un levier d’action majeur. Ma prime Végétalis pourrait ainsi préfigurer une généralisation de ce type de dispositifs sur l’ensemble du territoire français.

Yann, 35 ans, passionné par les enjeux de société et de politique, porte un regard libre et attentif sur le monde qui l’entoure. Installé à Strasbourg, ville qu’il affectionne tout particulièrement, il décrypte l’actualité avec curiosité, rigueur et une volonté constante de comprendre et faire comprendre les dynamiques à l’œuvre dans notre époque