Malade du cancer, il réalise un ultime accouchement à 80 ans : l’hommage intime de Michel Drucker

L’animateur star dévoile un pan intime de son histoire familiale lors d’une émouvante confidence. Derrière le sourire permanent du présentateur le plus populaire de la télévision française se cache un récit familial marqué par le courage et le dévouement absolu.

Un témoignage bouleversant sur les derniers jours d’un médecin dévoué

Qu’est-ce qui pousse un homme à pratiquer un accouchement six jours avant de mourir d’un cancer ? Cette question, Michel Drucker se l’est posée toute sa vie en évoquant son père. À l’occasion de la promotion de sa nouvelle émission « Famille, je vous aime » sur France 3, l’animateur a livré des souvenirs poignants qui éclairent d’un jour nouveau la personnalité hors norme d’Abraham Drucker.

Abraham Drucker : un parcours de vie remarquable

Origines et formation médicale

Imaginez un jeune homme de 22 ans quittant sa Bucovine natale pour conquérir la France. Né en 1903 dans un petit village aujourd’hui ukrainien, Abraham Drucker appartient à cette génération d’immigrés pour qui la médecine représentait bien plus qu’une profession : un sacerdoce. Son diplôme roumain en poche, il doit tout recommencer à zéro en France. Six universités, onze ans d’études. Le parcours du combattant.

Installation en Normandie et engagement professionnel

1937. Naturalisé français, Abraham pose sa trousse médicale en Normandie. Saint-Sever-Calvados d’abord, Vire ensuite. Spécialiste de la tuberculose osseuse, il travaille dans des conditions souvent précaires. À ses côtés, son épouse Lola, infirmière dévouée. Un couple soudé par la médecine, jusqu’à l’épreuve la plus terrible.

L’épreuve de la Seconde Guerre mondiale

Arrestation et déportation

28 avril 1942. La Gestapo frappe à la porte. Une dénonciation lâche émanant d’un collègue du sanatorium. Compiègne, puis Drancy. L’enfer des camps français. Ironie du sort : ses compétences médicales lui valent d’être nommé médecin-chef du camp sous la férule d’Alois Brunner. Une position ambiguë qui lui sauve peut-être la vie.

Reconnaissance de résistant

Il faudra attendre 1961 pour que l’État français reconnaisse officiellement son statut d’interné résistant. Seize ans de paperasserie pour un bout de papier. Abraham n’en parlait presque jamais. Comme si les mots manquaient pour décrire l’indicible.

Un père exigeant et dévoué

L’éducation rigoureuse des fils Drucker

Minuit. Michel, 10 ans, est réveillé en sursaut. Son père, rentrant d’un accouchement, exige qu’il récite ses leçons. « Numéro 1 ou rien » : la devise familiale. Trois fils, trois destins marqués au fer rouge par cette exigence paternelle. Jean, Jacques et Michel porteront toujours en eux cette éducation à la fois traumatisante et formatrice.

Le dernier accouchement : symbole d’un dévouement ultime

Six jours avant de mourir. Le cancer le ronge, mais Abraham Drucker enfile une dernière fois sa blouse blanche. Un ultime accouchement. Comme un adieu à sa vocation. Michel raconte cette scène avec une émotion intacte, quarante ans après. « Je veux partir comme lui », confie-t-il aujourd’hui. Le médecin s’éteint le 9 décembre 1983, à 80 ans. Jusqu’au bout, il aura incarné l’idéal hippocratique.

L’impact sur la famille Drucker

Une influence déterminante sur les carrières des fils

Regardez bien les frères Drucker. Derrière chaque succès, on devine l’ombre d’Abraham. Michel le reconnaît volontiers : sans cette éducation rigoureuse, serait-il devenu le monument de la télévision française qu’on connaît ? Jean et Jacques, eux aussi, ont hérité de cette soif d’excellence. Une transmission familiale qui confine parfois à l’obsession.

Une reconnaissance tardive mais sincère

« Je n’ai pas su comprendre ». Cette phrase de Michel Drucker résume tout le malentendu entre un fils et son père rescapé des camps. Ce n’est qu’en visitant Compiègne, bien des années plus tard, que l’animateur saisira l’ampleur du traumatisme paternel. Trop tard pour en parler. Comme souvent dans les familles marquées par la guerre.

Un héritage familial célébré

« Famille, je vous aime » : un hommage aux liens familiaux

Drôle de hasard. À 82 ans, Michel Drucker consacre une émission aux relations familiales. « Famille, je vous aime » n’est pas qu’un divertissement : c’est une catharsis. À travers les histoires des invités, c’est un peu la sienne qu’il raconte. Les silences d’Abraham, les non-dits, mais aussi cette force incroyable qui les unit malgré tout.

Une transmission intergénérationnelle

Regardez Michel Drucker aujourd’hui. Derrière le professionnel accompli, on devine toujours le petit garçon de Vire qui voulait faire plaisir à son père. L’animateur a transformé l’exigence paternelle en énergie créatrice. Une alchimie étrange qui fait de lui, à son insu peut-être, le digne héritier d’Abraham. Pas comme médecin, mais comme homme de dévouement.

Ce récit dépasse largement le cadre d’une simple anecdote familiale. Il parle de transmission, de résilience, et de cette capacité incroyable qu’ont certains êtres à donner jusqu’au bout. Abraham Drucker n’était pas un père parfait, mais il incarnait cette vertu trop rare : le sens du devoir absolu. Une leçon que Michel, à sa manière, continue de faire vivre chaque jour sur nos écrans.