Quand vient le temps de la retraite, tous les Européens ne sont pas logés à la même enseigne. Certains pays offrent des pensions confortables, tandis que d’autres peinent à assurer un niveau de vie décent à leurs aînés. Mais où se situent les véritables eldorados pour retraités sur le Vieux Continent ? Plongée dans un comparatif qui révèle des écarts saisissants.
Les champions des pensions de retraite en Europe
L’Islande se distingue comme le pays européen offrant les pensions de retraite les plus généreuses, avec une moyenne annuelle impressionnante de 35 959 euros, soit environ 2 997 euros par mois. Ce pays nordique a mis en place un système de retraite mixte combinant un régime public de base et un régime complémentaire obligatoire, ce qui permet d’assurer un revenu de remplacement élevé pour ses retraités.

Le Luxembourg et le Danemark complètent le podium avec des pensions moyennes annuelles de 31 835 et 30 879 euros respectivement. Ces pays nordiques et frontaliers misent sur des modèles de protection sociale robustes, souvent financés par une forte pression fiscale, mais qui garantissent un niveau de vie élevé aux retraités.
La Suisse et la Norvège suivent de près avec des pensions moyennes annuelles dépassant les 28 000 euros. La Suisse s’est d’ailleurs récemment distinguée en détrônant la Norvège dans le classement de l’Indice Global des Retraites (GRI) établi par Natixis Investment Managers, avec un score global de 82%.
Les disparités régionales en Europe
Les écarts entre les différentes régions d’Europe sont considérables en matière de pensions de retraite. L’Europe du Nord domine largement le classement avec une moyenne de 28 468 euros par an, suivie de l’Europe de l’Ouest avec 21 688 euros.

L’Europe du Sud et l’Europe de l’Est affichent des moyennes nettement inférieures avec respectivement 11 145 et 5 635 euros par an. Ces disparités reflètent des différences importantes dans les systèmes de protection sociale et les niveaux de développement économique des pays concernés.
L’écart entre la pension la plus élevée (Islande) et la plus basse (Albanie) est particulièrement frappant : 34 311 euros, ce qui signifie que la pension islandaise est 21,8 fois plus élevée que la pension albanaise. En Albanie, la pension moyenne annuelle n’est que de 1 648 euros, soit environ 137 euros par mois.
La position de la France dans le classement européen
La France se classe en 11ème position du classement européen avec une pension moyenne annuelle de 18 855 euros, soit environ 1 571 euros par mois. Ce montant est légèrement supérieur à la moyenne européenne qui s’établit à 15 693 euros par an.
Malgré les critiques récurrentes sur la soutenabilité du système, les retraités français bénéficient encore d’un niveau de pension relativement confortable, notamment grâce à un régime par répartition historiquement solide. La France consacre d’ailleurs 14,7% de son PIB aux dépenses de pensions, un taux supérieur à la moyenne européenne de 12,3%.
En termes de risque de pauvreté, les retraités français sont relativement bien protégés : seulement 9,4% d’entre eux touchent un revenu inférieur à 60% du revenu médian disponible, un chiffre bien en dessous de la moyenne européenne de 15%. La France se situe ainsi parmi les pays où le taux de pauvreté des retraités est le plus faible, juste derrière la Norvège (8,6%) et le Luxembourg (6,9%).
Le taux de remplacement : un indicateur clé
Au-delà du montant absolu des pensions, le taux de remplacement (ratio entre la pension et le dernier salaire) est un indicateur important pour évaluer l’efficacité des systèmes de retraite. Il permet de comprendre dans quelle mesure les retraités peuvent maintenir leur niveau de vie après la fin de leur carrière professionnelle.

Les Pays-Bas affichent le taux de remplacement le plus élevé d’Europe avec 93,2%, suivis de l’Autriche (87,4%) et du Luxembourg (86,9%). La Grèce, l’Espagne et l’Italie complètent le top 6 avec des taux supérieurs à 75.
La France se positionne honorablement avec un taux de remplacement de 71,9%, au-dessus de la moyenne européenne de 61,6%. Ce taux relativement élevé explique pourquoi les retraités français maintiennent un bon niveau de vie, atteignant 96% de celui des actifs, ce qui place la France en deuxième position derrière l’Italie (98%).
À l’inverse, certains pays comme l’Allemagne (49%), l’Irlande (39%) ou encore les pays baltes (Estonie 34,4%, Lituanie 36%) offrent des taux de remplacement nettement plus faibles. En Allemagne, par exemple, 20,3% des retraités perçoivent des revenus inférieurs à 60% du revenu médian disponible, et 11% des retraités allemands âgés de 65 à 74 ans continuent d’exercer des petits boulots pour s’en sortir.
Les facteurs qui influencent le niveau des pensions
Plusieurs facteurs expliquent les disparités observées entre les pays européens en matière de pensions de retraite :
Les modèles de protection sociale : Les pays nordiques et d’Europe occidentale ont généralement des systèmes plus généreux, combinant souvent plusieurs piliers (public, professionnel et privé).
Le niveau de développement économique : Les pays les plus riches peuvent consacrer davantage de ressources à leurs systèmes de retraite.
L’architecture des systèmes : Certains pays privilégient la répartition, d’autres la capitalisation, et beaucoup optent pour des systèmes mixtes.
Les politiques fiscales : La fiscalité joue un rôle important dans le financement des retraites et la redistribution des richesses.
L’âge de départ à la retraite : Il varie considérablement d’un pays à l’autre, allant de 60 ans pour les femmes en Autriche à 67 ans au Danemark, avec des évolutions prévues jusqu’à 69 ans pour les personnes nées après 1967 dans ce dernier pays
Quel avenir pour les retraites européennes ?
Face au vieillissement démographique, tous les pays européens doivent repenser leur modèle. Les solutions ? Augmenter les cotisations, reculer l’âge de départ, développer la capitalisation… Autant d’options politiquement sensibles.
Une chose est sûre, les écarts entre Nord et Sud, entre Est et Ouest, ne devraient pas se résorber de sitôt. Et si l’Islande reste en tête, sa position pourrait être contestée par des pays comme les Pays-Bas ou la Suisse, dont les systèmes mixtes semblent particulièrement résilients.
Quant à la France, elle devra trouver le difficile équilibre entre maintien du niveau de vie des retraités et soutenabilité financière. Un défi de taille, mais pas insurmontable à condition de réformes courageuses et concertées.

Yann, 35 ans, passionné par les enjeux de société et de politique, porte un regard libre et attentif sur le monde qui l’entoure. Installé à Strasbourg, ville qu’il affectionne tout particulièrement, il décrypte l’actualité avec curiosité, rigueur et une volonté constante de comprendre et faire comprendre les dynamiques à l’œuvre dans notre époque