Punaises de lit : la France face à une invasion estivale (+50% en un an)

L’été 2025 s’annonce déjà comme un cauchemar pour les spécialistes de la désinsectisation. Via un communiqué transmis à Libération les derniers chiffres du SEDCPL et de l’association Prosane révèlent une flambée préoccupante : les infestations ont bondi de 50% en juin par rapport à l’été précédent. Une progression alarmante qui interroge sur notre capacité à contenir ce fléau.

Un paradoxe français

Contre toute attente, le premier semestre avait pourtant enregistré une baisse encourageante de 26%. « Nous avons cru gagner la bataille grâce aux protocoles renforcés pour les JO 2024« , confie un expert du SEDCPL. Le secteur hôtelier, discipliné, a effectivement divisé par trois ses cas d’infestation. Mais ce succès éphémère a masqué une vulnérabilité persistante.

Quand la météo joue les trouble-fêtes

Cet été caniculaire a créé des conditions idéales pour ces nuisibles. Entre les températures oscillant entre 25 et 30°C et l’humidité des orages estivaux, leur cycle de reproduction s’est accéléré de façon spectaculaire. Résultat : une génération complète en six semaines au lieu des trois mois habituels. (source : https://safelit.fr/blogs/safelit/punaises-de-lit-et-cycles-de-reproduction-comment-comprendre-leur-proliferation)

La RATP, interrogée sur les signalements dans les métros parisiens, maintient qu' »aucun cas avéré n’a été confirmé ». Pourtant, les usagers des lignes 7 et 8 rapportent des observations troublantes dans les rames climatisées.

Le tourisme, vecteur invisible

Avec 5 millions de visiteurs mensuels à Paris en juillet-août, la mécanique de propagation devient implacable. Valises, sacs à dos et même vêtements deviennent des vecteurs involontaires. « Un seul voyageur infesté peut contaminer tout un hôtel », déplore Sophie Lambert de l’ANSES.

Source : https://www.anses.fr/fr/content/les-punaises-de-lit-en-13-questions

L’arme chimique en échec

Depuis l’interdiction du DDT dans les années 1970, la guerre s’est complexifiée. Les pyréthrinoïdes modernes montrent une efficacité limitée face à des souches de plus en plus résistantes. Certaines punaises développent désormais des enzymes capables de neutraliser les insecticides en quelques générations seulement.

Source : https://safelit.fr/blogs/safelit/pourquoi-les-punaises-resistent-aux-produits-chimiques

L’addition salée

Le bilan économique donne le vertige : 866 euros en moyenne par foyer touché, selon l’ANSES. À l’échelle nationale, la facture atteint 1,4 milliard d’euros sur cinq ans. Sans compter les coûts indirects – nuits d’hôtel perdues, arrêts maladie, ou encore séances de psychologie pour les victimes de formes sévères d’infestation.

Vigilance collective

Face à ce défi sanitaire, les experts plaident pour une approche coordonnée. « La stigmatisation des foyers infestés est notre pire ennemie », insiste un expert de la punaise de lit. L’ANSES recommande des méthodes mécaniques, traitement thermique ou aspiration avant tout recours aux produits chimiques.

Alors que l’été bat son plein, une question persiste : cette invasion 2025 marquera-t-elle un pic ou le début d’une nouvelle ère de coexistence forcée avec ces parasites résilients ? La réponse dépendra largement de notre capacité à maintenir une vigilance collective bien au-delà de la saison estivale.