Un fracas métallique a rompu le calme dominical d’Illkirch-Graffenstaden. Ce 1er juin 2025, peu après midi, un tramway de la ligne A a violemment heurté un poteau de caténaire dans cette paisible banlieue strasbourgeoise, provoquant un émoi considérable parmi les usagers.
Un terminus qui tourne au drame
Le drame s’est joué en quelques secondes. Alors que la rame approchait du terminus Graffenstaden, elle a inexplicablement maintenu sa course. À environ 20 km/h – vitesse modérée mais suffisante pour causer des dégâts – le véhicule a quitté les rails avant de percuter violemment un support de caténaire.
Le choc, d’une violence inattendue, a pulvérisé le pare-brise et déformé la cabine de conduite. « C’était comme un coup de tonnerre », témoigne un passager présent dans le dernier wagon. Parmi les dix personnes à bord, six ont été légèrement blessées, dont le conducteur. Par miracle, aucune hospitalisation n’a été nécessaire.
Un conducteur expérimenté en proie à la fatigue
L’enquête a rapidement mis en lumière le profil surprenant du conducteur : un professionnel de 53 ans, comptant plus de quinze années de service sans incident majeur. Pourtant, lors de son audition, l’homme a reconnu s’être assoupi brièvement au moment crucial.
Les analyses toxicologiques ont écarté toute consommation d’alcool ou de stupéfiants. Plus troublant : la boîte noire n’a enregistré aucune tentative de freinage. Le système de sécurité, qui exige une pression sur un bouton toutes les douze secondes, est resté inactif. Autant d’éléments qui dessinent le scénario d’un endormissement soudain.
Des questions sur les protocoles de sécurité
L’accident relance le débat sur les dispositifs de vigilance. Thibaud Philipps, maire d’Illkirch-Graffenstaden, ne cache pas son inquiétude : « Nous avons eu beaucoup de chance que ce poteau stoppe le tram. Sans cet obstacle, les conséquences auraient pu être dramatiques. »
La Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS) se veut rassurante. Les premières investigations n’ont révélé aucun dysfonctionnement technique. Le matériel impliqué – un Alstom Citadis de première génération – est pourtant le même que celui de l’accident survenu en janvier dans le tunnel de la gare centrale. Mais la direction insiste : les circonstances diffèrent totalement.
Reste que certains s’interrogent sur l’efficacité du système de vigilance. Ce bouton à actionner régulièrement est-il vraiment la solution la plus fiable ? Ne devrait-on pas imaginer des dispositifs plus sophistiqués pour prévenir ce type d’incident ? La question de la fatigue au travail, particulièrement dans les métiers à responsabilités, mériterait sans doute plus d’attention.
Retour progressif à la normale
Sur le terrain, les équipes de la CTS ont réagi avec célérité. Dès l’annonce de l’accident, des navettes bus ont pris le relais entre les stations Parc-Malraux et Graffenstaden. La rame accidentée, évacuée en fin de journée, a été transférée au dépôt pour une expertise approfondie.
Selon les prévisions officielles, le trafic normal devrait reprendre progressivement dès ce lundi matin. Mais l’enquête interne, elle, ne fait que commencer. L’analyse minutieuse des données techniques et l’audition des témoins devraient permettre d’établir avec précision la chronologie des événements.
Cet accident, bien que limité dans ses conséquences humaines, sert de rappel cruel : même sur des trajets banals, la vigilance reste de mise. Pour les conducteurs comme pour les gestionnaires de réseau, c’est l’occasion de réévaluer les risques et les parades. Car en matière de transport public, la sécurité des usagers ne se négocie pas.